15 décembre 2020

L’avenir du concert se joue-t-il sur le Web ?

Être intermittent du spectacle en 2021 ?

2020 a été une années difficile, voire très difficile pour nombre d’entre nous. La culture n’y a pas échappé et a même fait partie des secteurs les plus durement touchés. Les musées ainsi que les salles de concert, les cinéma et autres lieux d’exposition auront vu leurs portes se fermer pendant une grande partie de l’année. face à des décisions gouvernementales prise au dernier moment, sans réelle concertation ni même réflexion pour l’avenir des intermittents du spectacle, on est en droit de se demander si cela vaudra véritablement la peine se s’engager sur cette voie en 2021.

Quoi faire actuellement ?

Les alternatives actuelles ne sont pas nombreuses pour jouer en public (que l’on soit professionnel ou non) : les concerts privés et… le web. Pour ce qui est des concerts privés, c’est bien entendu dans la limite des du couvre-feu et de la taille du lieu. Dans l’absolu, c’est plutôt une bonne chose : ambiance familiale, proximité avec le public etc. Mais est-ce que l’on peut en vivre ? Donner une réponse à cette question n’a rien de simple. Un moindre public, signifie un moindre revenu. C’est d’autant plus complexe que la dynamique de cette forme de concert est de faire entrer la musique live dans des lieux qu’elle connaît moins, de multiplier les formes de représentation plus que de permettre aux artistes de vivre.

Les artistes ont un choix à faire : privilégier l’accès de la musique à tous, auquel cas au maximum de foyers profiteront de cette forme de concert au détriment des revenus de l’artiste ou privilégier un élitisme en ne donnant accès à ces concerts qu’aux foyers ayant les moyens suffisant. Il existe des formes intermédiaires sur lesquelles je reviendrai dans un autre article, ce n’est pas le sujet.

L’alternative, c’est le web. Privilégier les diffuseurs web (Spotify, YouTube Music, Deezer etc) et créer pour ces plateforme (entre autres). Les artistes peuvent également se lancer dans la formation en ligne. Encore faut-il en avoir envie. L’espace YouTube peut servir à promouvoir un travail qui sera ensuite vendu via les plateformes. Dans ce cas, il manque évidemment l’essentiel : le contact avec le public. C’est incompressible.

Rien d’exhaustif. C’est simplement ce qui paraît être le plus évident. Si vous êtes musicien professionnel, il faut bien continuer à vivre malgré la crise sanitaire. Quand le réel ne le permet pas, le virtuel peut prendre le relais.

Avenir incertain

Tout ceci n’est viable que si les artistes ont les ressources nécessaires pour effectuer cette transition. Vivre sur le web implique une démarche active, allant dans ce sens. Pourquoi pas, si c’est une stratégie à long terme. Mais pour nombre d’artistes concernés, c’est une situation imposée et transitoire. Imposée, parce que les autorités en ont décidé ainsi (à juste titre ou non, c’est u autre problème dont je parlerai probablement à l’occasion) et transitoire parce que les concerts seront de nouveau possibles dans quelques mois.

Alors, est-ce que ça vaut vraiment la peine d’investir le Web lorsque l’on est un artiste de concert ?

De nouveaux chemins

Là où, à mon avis, il ne faut pas s’égarer, c’est sur la manière dont on perçoit ce que nous faisons sur le Web. Il ne s’agit absolument pas de remplacer la vie musicale de scène par une vie musicale virtuelle. Je pense que c’est ce qui a effrayé beaucoup de musiciens, en particulier ceux qui n’ont jamais investi internet (à leur décharge : on ne peut pas tout faire).

Au contraire.

Il s’agit de deux côtés bien distincts de l’activité d’un musicien. Le web ne doit servir qu’à montrer ce que la scène ne pourra jamais montrer : l’envers du décor, le processus créatif, le geste artistique. Ça ne veut pas dire tout montrer. Mais juste en dire un peu plus, inspirer, donner envie de nous suivre et de nous voir sur scène. Il ne s’agit pas seulement de faire la promotion des concerts, mais d’aller plus loin : créer du lien. Un lien que vous maîtrisez. Je ne parle évidemment pas de montrer la vie privée (ça c’est autre chose et je pense que ça n’a grand chose à faire ici), mais de montrer que la musique que vous faites est autre chose qu’un produit de consommation. C’est à ça que sert cette connexion.

Préparer le futur

Pour un musicien attaché à la scène, s’emparer du Web, ce n’est donc pas trahir sa vocation. Au contraire, je suis convaincu que c’est un moyen encore plus solide, plus fort, plus viable d’être moins dépendant de paramètres que vous ne pouvez pas maîtriser. Si vous êtes présents sur le Web maintenant, vous le serez sur scène. C’est un exercice de va-et-vient. Le Web va à la fois faire (re)venir le public dans les salles de concert, mais aussi maintenir le lien. Pensez à tous ceux qui vous ont vu une fois sur scène, ont aimé ce que vous faites, mais vous ont oublié ?

L’image et la photographie sont des outils incroyables qui vous aideront si vous en prenez conscience. J’en reparlerai dans un prochain article, lorsque j’évoquerai quelques pistes possibles pour investir le Web !

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